« Louise, elle est folle » de Leslie Kaplan

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Louise, elle est folle. Une pièce de Leslie Kaplan. Mise en scène : Philippe Penguy. Distribution : Anne Beaumond et Agnès Valentin. Création sonore : Jean-Michel Deliers. Lumières : Anne-Marie Guerrero. Production Compagnie Cyclone. Résidence de création de 2 semaines à Port-Louis (56) en avril 2016.

Ce spectacle reçoit le soutien de la SPEDIDAM (LA SPEDIDAM est une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées).

Actuellement :

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Voir la bande-annonce :

Résumé : Deux femmes s’affairent dans un décor de chantier. L’une installe des bâches, l’autre empile méticuleusement des canettes de bière. Cette opposition entre l’utile et le futile va déterminer toute la suite. Pour ces deux femmes dont on ne connaîtra jamais le nom, le conflit est là, présent, palpable dans les corps et dans les mots. L’une reproche à l’autre sa trahison, de manière obsessionnelle, récurrente tout au long de la pièce. L’autre ne comprend pas, ou fait semblant de ne pas comprendre. Seule Louise, témoin invisible et bouc émissaire, pourrait nous en dire plus, mais on ne la verra jamais. Et puis il y a les réconciliations, les sujets sur lesquels elles sont d’accord, la société de consommation, la pollution, la politique, Dieu, l’enfance qui affleure de manière burlesque ou tragique. Et nous, les spectateurs ? On écoute, on rit souvent, on s’interroge, on sourit parfois, on est ébloui par la virtuosité du langage de Leslie Kaplan, qui au travers de ce texte drôle et fort, caustique et émouvant, nous fait sentir de manière brûlante notre actualité…

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(c)Sarah Merzouk 2016

Programmateurs, vous pouvez télécharger le dossier ici : LOUISE dossier

Et regarder le teaser : Teaser Louise, elle est folle

Voici le message de soutien de Joël Jouanneau à l’issue de notre sortie de résidence en avril 2016 :

Lorsque la comédienne Anne Beaumond m’a remis pour lecture Louise, elle est folle, de Leslie Kaplan, me demandant s’il pouvait être envisagé que la compagnie Cyclone de Philippe Penguy s’installe en résidence à Port-Louis une quinzaine de jours afin d’y travailler, j’ai sagement pris le livre et précisé que j’allai tout d’abord le lire avant de lui donner ma réponse, et après lecture si je l’ai vite appelée pour lui dire oui, ce oui était celui d’un lecteur certes séduit par le texte mais surtout perplexe quant à son passage au plateau, et c’est même cette  perplexité qui était motrice, à l’image du joueur de poker disant oui chiche, oui pour voir. Deux semaines après la réponse était sur le plateau, devant un public par deux fois enthousiaste, tout autant que moi, confronté à deux comédiennes virtuoses incarnant une langue afin d’incarner leurs personnages, une langue alerte où les mots disent la folie du jour et de l’époque dans un espace épuré, un pur geste scénographique pour esquisser ce chantier qu’est le monde d’aujourd’hui, chantier qu’il nous faut bien entreprendre si l’on veut réparer les vivants, et regardant cela je me suis dit : dommage que tu ne sois pas directeur de théâtre, tu t’empresserais de le produire et de le programmer.

Joël Jouanneau, 17 juin 2016. 

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(c)Sarah Merzouk 2016

Les trois premières représentations de Louise, elle est folle ont été accueillies avec enthousiasme les 22, 24 et 25 novembre 2016 à l’Espace Beaujon (Paris 8ème). Leslie Kaplan nous a fait le plaisir de sa présence le 24 et a rencontré les spectateurs à l’issue de la représentation. En janvier 2017 nous sommes allés présenter ce spectacle au Théâtre du Petit Matin, à Marseille.

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(c)Sarah Merzouk 2016

Note d’intention

Le projet de monter Louise, elle est folle est né du désir des deux comédiennes et de leur complicité. L’une découvre le texte Louise, elle est folle dans le même temps que l’autre voit Déplace le ciel, par Frédérique Loliée et Elise Vigier à Saint-Denis… désir évident de s’emparer de l’écriture de Leslie Kaplan et de ce dialogue « renversant » entre deux femmes.

Elles me proposent alors ce texte. Je travaille régulièrement avec elles tant sur des projets purement professionnels comme Macbeth de Shakespeare, ou sur des projets mêlant professionnels et amateurs dans le cadre d’actions s’inscrivant dans la vie de la cité (ateliers d’écriture et de jeu menant à un spectacle ou au tournage d’un court-métrage). Notre dernière collaboration s’est d’ailleurs faite dans le cadre de Mars au féminin à Noisy-le-Grand. Un travail mené avec 16 femmes a donné naissance à un spectacle intitulé, Femmes de légende, représenté à l’espace Michel Simon le 8 mars 2014.

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(c)Sarah Merzouk 2016

J’ai tout de suite été conquis par ce texte à la fois drôle et engagé, qui interroge un monde affolé, en perte de sens, dans lequel l’humain n’est plus que quantité négligeable, un texte qui fait la part belle au langage, tour à tour obsessionnel, créatif, poétique, logorrhée, vide ou plein, qui enferme ou qui libère.

Ces femmes chassent le cliché, traquent la langue de bois, pointent l’absurdité par un langage décalé. Elles déboulonnent les idées reçues en laissant apparaître des situations saugrenues, en déplaçant les lignes de la normalité et de la folie. Il y a de la joie, de la curiosité, de la fantaisie, de l’étonnement dans cet échange sans concessions. Aucune psychologie dans la situation : elles se parlent, se questionnent sur elles-mêmes et sur le monde avec franchise et brutalité.

Car ce dialogue jubilatoire est aussi plein de violence : ces femmes se cherchent, s’accusent, se sentent trahies par l’autre et par les mots de l’autre, ressassent les reproches qu’elles s’adressent. Le rapport à l’autre est un rapport de force, comme dans la société. Une joute entre deux femmes miroirs « comme si chacune représentait pour l’autre quelque chose qu’elle rejette », en elle-même et dans le monde. Le théâtre est simplement là, dans ce conflit et cette rencontre avec l’autre, dans le rythme et la précision des mots qu’elles se lancent.

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(c) Sarah Merzouk 2016

Pas de situation « réaliste » pour ce duo-duel oratoire. Les deux femmes s’enferment et s’échappent d’une construction improbable faite d’un escabeau, d’une bâche, à la manière d’un perpétuel chantier. Où l’action se déroule t’elle ? Dans un squat, un appartement ? Chantier à l’image de leur vie et du monde. Chantier des corps en mouvement sur une recherche à venir. Chantier de la langue en perpétuel mouvement, au sens mouvant, à la ponctuation jubilatoire, à la grammaire rafraîchissante.

Très vite, il m’est apparu évident de faire appel à Jean-Michel Deliers pour la création sonore. Outre le fait que Leslie Kaplan évoque des bruits, des craquements dans ses didascalies, ce huit-clos qui parle tellement du monde ne peut qu’être envahi par ce dernier. Protégées par des murs, nos deux protagonistes ne peuvent échapper aux tourments de la civilisation, celle-ci les rattrape, se fait tout d’abord entendre et finira par les submerger.

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(c)Sarah Merzouk 2016)
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(c)Sarah Merzouk 2016

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